mardi 8 décembre 2009

Coment en est-on arrivé là ?

Comment en est-on arrivé là, c’est la question que beaucoup, adhérents ou sympathisants des ACC peuvent se poser.

La lettre ouverte des démissionnaires fait état de divergences de fond, mais ne peut évidemment pas entrer dans les détails, dans l’histoire qui a mené à cette scission.

Chacun peut cependant témoigner, à son niveau, de ce qui l’a conduit à une démission qui reste une décision personnelle. Les propos qui suivent n’engagent donc que moi-même.


« En arriver là » suppose une histoire, des précédents : la démission de la moitié des formateurs (dont la plupart étaient aussi fondateurs de l’association) s’inscrit dans une suite de conflits, de tensions de plus en plus aigües et ce depuis plusieurs années, entre une partie des formateurs et le CA (ainsi que quelques formateurs ralliés à leur cause).

On peut dégager quelques axes, points de divergences essentiels, mais aussi des actes que pour ma part j’ai considéré comme insupportables, et qui m’ont fait retirer la confiance que j’avais placée au départ dans le CA.


L’ouverture que prône le CA, et que refuseraient les démissionnaires, renvoie à une autre ouverture, très politique celle-ci, que mène depuis son élection notre actuel Président de la République. Si les buts sont bien entendu différents, il y a quand même un point commun : une confusion des places, des rôles, un fourre tout illisible et la volonté obsédante d’une présence à tout prix ; mais pour dire quoi ?

Dans le cas des ACC, il ne s’agit pas d’une nouvelle version de la querelle des anciens et des modernes, mais bien du refus de la part de beaucoup (la moitié des formateurs, quand même…) d’un brouillage de ce qui fait la spécificité de cette école de pensée.

Sur le plan du fonctionnement associatif, cette ouverture à des membres « non professionnels » n’a fait l’objet d’aucun débat en AG, mais a été proposée par le seul CA, proposition contenue dans les nouveaux statuts adressés par mail…

Toujours sur le même plan, il y a eu passage à l’acte du CA qui a admis comme membres des ACC des personnes dont l’activité ne répondait pas aux statuts qu’il était censé défendre ; comme par hasard, le mari de la présidente, la mère d’une trésorière… n’est-ce pas ce qu’on appelle de l’entrisme ?


Je relèverai 2 autres points, qui ont contribué à la dégradation de l’unité de cette association.


Le premier concerne la place des Marqueurs Transversaux, en tant que concept et en tant que formation proposée par les ACC. Les MT ont été élaborés par Claire de Firmas, qui a souvent regretté de ne pouvoir partager ce travail avec l’ensemble des autres formateurs. La réalité est un peu plus complexe : je considère pour ma part qu’elle a plus cherché l’adhésion à ce projet, que le partage (qui suppose une perte de maitrise). J’en donnerai pour preuve ses réactions virulentes quand une étudiante présentant son mémoire d’orthophonie sous la direction d’une des formatrices s’est avisée de citer les marqueurs, et par ailleurs le fait qu’à aucun moment de la rédaction de son travail, elle n’a jugé utile de soumettre son texte (le livre en projet) à une lecture par l’ensemble des formateurs des ACC – je dois cependant dire qu’elle a invité les formateurs intéressés à assister aux premières formations dispensées. Le résultat est que les MT se sont trouvés être une création « personnelle », portée par son auteur et par quelques formateurs qui s’y sont associés, mais proposée comme une formation des ACC en tant qu’association, sans qu’il y ait eu travail collégial (sinon par l’ensemble des formateurs, du moins par une commission ad hoc) autour de cette formation.

Les MT, pomme de discorde… qui a empoisonné de façon durable les liens de travail entre les formateurs, entre les « pour », les « contre », les « intéressés mais circonspects »… Il y aurait beaucoup à dire sur les MT, mais on peut penser qu’un point qu’ils ont soulevé est celui-ci : la PRL est-elle enseignable ? Force est de constater que cette question n’a pu être travaillée.

Là aussi, cette « ouverture » – vers de nouvelles formations – s’est traduite par des passages à l’acte : allongement de la durée des formations aux MT, que la commission des formateurs apprend après coup, alors qu’elle est censée travailler sur l’élaboration des formations, leur mise en place, leur cadre, arrivée soudaine de « Groupes Cliniques Marqueurs »… c’est peu dire que ces attaques répétées du fonctionnement associatif ont fortement indisposé nombre de formateurs, et n’ont pas contribué à éveiller leur intérêt pour ce projet.


Un autre point concerne le statut des formateurs : en effet, les statuts des ACC ont été pensés pour que les formateurs se déclarent comme « formateurs indépendants ». Si ce dispositif est opérant pour les formateurs exerçant à titre libéral, il s'avère très complexe pour ceux qui travaillent habituellement comme salariés, et totalement inapplicable (car illégal) dans le cas des salariés de la fonction publique. Sur ce point, le CA a fait preuve d'une surdité et d'une mauvaise fois persistante pendant plusieurs années, déniant les spécificités des conditions de travail de plusieurs formateurs. Ce n'est que tout récemment que le CA a accepté une modification des statuts (en présentant comme siennes des solutions déjà maintes fois proposées), associant à ce point technique les chapitres que l'on sait sur « l'ouverture » à « toute personne s'intéressant au langage », et le « soutien de l'irréductible subjectivité du langage »...


On ne peut passer sous silence, enfin, les relations tendues (c'est un euphémisme), et ce depuis le début, entre le CA et les représentants de la commission des formateurs.


Qu'en conclure, sinon que cette scission est l'aboutissement logique, et finalement assez prévisible (mais dans l'après coup, ce qui est toujours plus facile - plusieurs d'entre nous, dont j'étais, ont espéré malgré tout) du dysfonctionnement constant de cette association, qui a atteint son point culminant lors de l'AG extraordinaire.

A la suite de celle-ci, j'ai estimé ne plus pouvoir continuer à travailler au sein des ACC.

La PRL est affaire de transmission : à chacun, qui veut se former à la PRL, de choisir ses formateurs, en sachant à qui il s'adresse.


Gilles Guérin